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Voyage en terres karens

Publié le 06/02/2023
Théophane d’Esparron, volontaire MEP chez les Karens, nous partage ce qu’il vit depuis plusieurs mois à Maetowo, un petit village situé au nord-ouest de la Thaïlande, à une quarantaine de kilomètres de la frontière birmane.

J’effectue ma mission auprès des Karens, un peuple de tradition nomade originaire des hauts plateaux birmans. La mission catholique accompagne les villages isolés – des pistes les relient péniblement aux axes routiers – profitant des opportunités économiques issues du dynamisme thai et d’une ouverture culturelle et sociétales au monde moderne.

Mon lieu de mission est à Maetowo, un petit village situé au nord-ouest de la Thaïlande, à une quarantaine de kilomètres de Mae Woei Clo, à la frontière de la Birmanie. Je vis dans un centre accueillant quarante-cinq collégiens karens issus des villages de montagnes de la mission catholique.

Au service du centre et des collégiens

En haut des montagnes de Maesapao avec le catéchiste Sorry, au terme d’une grande balade à 1 000 mètres d’altitude.

Dans le centre, cinq personnes résident à temps plein, sans compter les collégiens. Il y a deux sœurs (modos en karen), un éducateur karen, Youkipa, un diacre iranien qu’on appelle Brother et moi-même. Tous sont investis au maximum au service du centre et des collégiens. Les modos préparent les repas et accompagnent les jeunes, le Brother est en charge de toutes les tâches techniques (réparations diverses, livraison de nourriture, etc.) et Youkipa encadre les jeunes. Ma mission au centre consiste à être présent à tous les niveaux d’implication, que ce soit avec les jeunes ou les encadrants. Je dois aussi préparer un cours d’anglais de trente minutes tous les mercredis soir pour tous les jeunes du centre, l’avantage étant la discipline des enfants karens, ce qui me facilite la tâche quant au déroulement de mon cours et au maintien du silence.

Depuis 2010, Terres Karens, une association d’anciens volontaires MEP, participe, en lien avec la mission catholique, au développement de projets indépendants et complémentaires autour du tissage traditionnel des Karens. Ces projets sont localisés dans le village de Mae Woei Clo. Le deuxième volet de ma mission consiste donc à m’occuper économiquement de cette association, qui emploie des tisserandes de certains villages dans le tissage de lés et la conception de produits finis. Cela leur permet d’avoir un revenu, chose qui est très rare dans les villages karens. Je suis donc en charge de la logistique, de la gestion des stocks et de l’approvisionnement, de la comptabilité, des finances et de la communication.

La vie quotidienne

Quel immense bonheur de se trouver au milieu des montagnes avec leur air frais, de voir chaque jour le sourire des habitants, la générosité de leurs gestes et l’amour dans leur regard ! C’est ici que j’aime être et passer mon temps, avec eux. La présence d’une chapelle, au sein du centre, nous permet d’avoir une vie rythmée par la prière. Le Seigneur est présent et nous le louons chaque jour pour le bien qu’il fait, nous rendons grâce pour les échanges que nous avons et pour la mission que nous remplissons au service de ce peuple, pour la gloire de Dieu.

Alors les activités suivent leur cours. Tous les matins, je vois les enfants partir à l’école, en espérant qu’ils apprendront des choses intéressantes, et je les vois revenir le soir avec un grand sourire qui me confirme mon espoir matinal quotidien. Les activités du centre, chaque jour de la semaine, favorisent un rythme agréable.

Petite anecdote

Un jour que nous quittions le village de Maesapao avec le Brother, après y être restés une nuit, nous avons eu la surprise de rester bloqués en bas d’une route en pente, qui était un étalement de boue sur 50 mètres, car il avait plu la veille. Le 4×4 ne pouvait pas monter et glissait en arrière alors même que nous avancions. Le véhicule descendait, même en freinant à bloc.

La peur était présente car la montée trouvait sa base dans un virage. Le véhicule pouvait glisser à tout moment et nous faire tomber dans le ravin. Impossible de monter et, bien sûr, il n’y avait qu’une seule piste. Nous avons fait tout notre possible : caler des pierres sur le long du passage des roues, pendre de l’élan et mettre les gaz, toujours impossible de monter. Mais comment avons-nous pu nous en sortir ? Eh bien, tout au long des quelque trente ou quarante essais, des Karens passaient par là pour rentrer au village et s’arrêtaient, les uns après les autres, pour nous aider. Nous avons pu nous en sortir grâce à une dizaine d’hommes bienveillants et à l’idée salvatrice du Brother : se mettre tous dans la benne, à l’arrière, pour donner du poids au véhicule et garder les roues ancrées sur la piste. Avec à peu près 500 kg en plus, amassés à l’arrière du véhicule, le 4×4 a réussi à monter cette furieuse pente de boue. De quoi vous mettre en forme dès le lever du jour. Il était 6 heures du matin. C’est la joie de la mission !

Construction d’un barrage éphémère

Pour la construction de ce barrage, il faut couper un gros tronc de bambou, placé en travers de la rivière. Puis nous venons planter des piquets, toujours en bambou, à la verticale, le long de ce tronc. Viennent ensuite se glisser, à leur base, de grosses quantités de feuillage (orties, herbes ou autres) pour bloquer le courant. Le tout est sécurisé avec de bâches pour ne laisser aucune goutte d’eau passer. Une fois ce travail effectué – cela nous a pris une bonne heure et demie –, on peut venir pêcher en aval du barrage car le courant n’est plus violent. Les crabes se font alors apercevoir en quantité. Malheureusement, nous n’avons eu aucun poisson ce jour-là. Une fois la pêche terminée, nous cassons le barrage – tout ce travail pour quelques crabes, eh oui ! – et repartons au village.

Un dimanche, entre deux pluies, nous avons décidé, avec quelques garçons, de grimper au sommet de la montagne. Cela fait cinq mois que je l’observe depuis la fenêtre de ma chambre sans n’y être jamais allé. Alors, nous nous y sommes rendus avec un groupe de huit. La semaine qui a suivi, j’y suis retourné, cette fois-ci avec les filles. Lorsqu’on arrive au sommet, après trente minutes de grimpe, on peut apercevoir toute la vallée parsemée de maisons, de champs et de rizières. Les gigantesques montagnes birmanes nous font face, c’est un magnifique panorama. Le fleuve frontière est bien visible. Vu de haut, il prend la forme majestueuse d’un serpent qui glisse entre les montagnes.

 

extrait de la Revue MEP n° 587, décembre 2022