J’ai vécu ma mission à Madagascar comme un temps de retraite

Enguerrand a vécu son volontariat à Madagascar en plein début de crise de la Covid-19. Il nous fait part de ses motivations initiales ainsi que des bienfaits de cette expérience.

Nous sommes le 2 février 2020 lors de la messe d’envoi des volontaires de la première session 2020. Une semaine plus tard, j’ai la chance de décoller pour Madagascar, avant une fermeture totale des frontières que l’on n’aurait jamais imaginée. Je rends grâce au Seigneur pour ce timing parfait qui m’a permis de partir en mission et de vivre ces cinq mois au service de ce beau pays et de ce peuple.

J’ai vécu ce temps à Mahajanga, ville sur la côte ouest de l’île auprès de la communauté salésienne locale en charge d’un lycée professionnel, d’un oratorio et de la formation des aspirants malgaches souhaitant discerner sur une vocation salésienne.

Ma mission était d’être professeur de français auprès de sept classes du lycée et des aspirants salésiens. Après à peine un mois, en raison de la crise sanitaire, les vingt heures de cours de français par semaine que je donnais se sont limitées à six pour les seuls aspirants salésiens car le centre Don-Bosco, le lycée professionnel, avait l’obligation de fermer, comme d’ailleurs toutes les églises et les lieux ouverts au public. Je me suis donc retrouvé confiné à Madagascar en ayant la chance incroyable de pouvoir vivre ce confinement avec une communauté religieuse de quatre prêtres, deux séminaristes, un coadjuteur et une trentaine de jeunes, âgés de 18 à 22 ans, en discernement vocationnel.

Revue MEP

Un désir : se mettre au service de l’Église et d’un peuple

J’ai 35 ans. J’ai été expert-comptable et commissaire aux comptes pendant près de douze ans. Il y a un an et demi, suite à un chemin de conversion que le Seigneur m’a donné la grâce de vivre, j’ai arrêté cette activité professionnelle pour me mettre en quête de ma vocation personnelle. C’est dans ce cadre que j’ai frappé à la porte des MEP afin de partir en volontariat. J’avais le désir de donner six mois de ma vie à l’Église.

Lorsque l’on suit la semaine de préparation aux Missions Étrangères de Paris avant de partir, l’équipe insiste sur le point suivant : on est envoyé en mission d’abord pour « être » et ensuite pour « faire ». C’est parce que l’on va développer son être profond que l’on va pouvoir rayonner de la joie de l’Évangile auprès des personnes que l’on va rencontrer. En passant de vingt heures à six heures de cours de français par semaine, les circonstances m’ont permis d’expérimenter réellement cela.

Avec le recul, je me rends compte que ce qui m’a poussé à partir était ce désir de me mettre au service de l’Église et d’un peuple. Ce désir de partir était orienté vers l’action, le « faire ». Les circonstances ne m’ont pas permis d’être dans l’action comme je l’avais imaginé, mais elles m’ont permis de prendre du recul sur ma vie passée et de vivre ce temps de mission comme un temps de retraite auprès d’une communauté qui m’a porté par sa fraternité et par sa vie de prière. Cette expérience m’a apporté une paix et une sérénité pour ma vie future.

Lorsque l’on décide de partir en mission dans un pays étranger, l’entourage s’interroge sur la nécessité de partir si loin pour se mettre au service, alors qu’en France, il y a tant à faire. J’étais plutôt en accord avec cette vision réaliste.

Toutefois, cette expérience loin de mon pays, de mes racines, de mes proches a été pour moi un moyen de mieux apprendre à me connaître et à écouter mes désirs profonds que le Seigneur a mis au fond de mon cœur. Ce détachement physique et géographique, orienté vers la vie fraternelle et la prière, a été, pour moi, déterminant pour avoir le courage et la force de poursuivre cette quête de ma propre vocation.

Un témoignage de charité

Quand je suis arrivé sur mon lieu de mission, j’ai eu la chance de rencontrer le volontaire précédent et d’assister à son départ. Il est d’usage à Madagascar que le représentant de la communauté fasse un discours de remerciements pour le volontaire qui a donné de son temps sans compter. Le volontaire avait passé six mois sur place. Il s’était donné beaucoup de mal pour donner les cours de français ainsi que pour se mettre au service de la communauté et des jeunes qu’on lui avait confiés.

Je me rappellerai toujours ces remerciements qui lui ont été adressés : « La communauté et les jeunes, nous avons été très touchés par ta vie de prière et ta présence à chaque messe, chaque office avec nous. Merci pour ton exemple de persévérance dans la prière. C’est cela qui est le plus important pour nous. Tu as témoigné de la charité par ta vie de prière. »

Enguerrand Boissonnet, volontaire MEP

Article tiré de la Revue MEP. Recevoir la revue gratuitement sur missionsetrangeres.com

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