La mission au temps du confinement

Florence est volontaire en Inde, dans l'association Howrah South Point (HSP) et travaille auprès d'enfants handicapés, des plus pauvres, des enfants marginalisés ou fragilisés. Comme beaucoup de volontaires dont les conditions d'accueil le permettaient, elle a décidé de rester dans sa mission et de l'adapter à la situation.

Vivre une pandémie en mission n’est certainement pas un scénario que l’on a pu envisager. Si l’Inde avait jusqu’alors plutôt bien résisté à l’envahisseur, nous n’étions pas intouchables.

Le gouvernement indien a commencé à prendre des mesures mi-mars pour lutter contre le coronavirus. Cela a commencé par la fermeture des écoles. Ainsi, un des volets de ma mission s’est arrêté : je n’accompagne plus les Special boys à l’école spéciale. De plus, cela fait maintenant un mois que j’ai quitté mes petits boys avec lesquels je vivais pour le centre des filles (j’étais sensée partir un week-end mais le confinement est arrivé).

Distribution de masques

Les premiers jours après la fermeture des écoles, toutes les filles étaient rassemblées pour étudier. J’étais chargée de les aider en anglais. L’après-midi, je donnais des cours d’ordinateur aux « big girls », les plus grandes. L’ambiance était très bonne. Puis, du jour au lendemain, tout a changé. Les filles n’ont plus été rassemblées et les cours d’ordinateur ont cessé. Les « big girls » ont été sollicitées pour fabriquer des masques. Un grand ménage de tout le centre a été réalisé. Nous n’étions pas encore officiellement confinés mais je n’avais déjà plus le droit de sortir et je devais prendre de la distance avec les filles. Le coronavirus était le seul sujet de conversation, les « big girls » chantaient même une chanson « Corona, Corona ». Après un confinement citoyen organisé le 22 mars, le gouvernement annonçait la mise en place d’un confinement pour trois semaines (jusqu’au 14 avril, mais celui-ci est prolongé). Certaines « big girls » auraient préféré rentrer chez elles mais il a été décidé qu’elles seraient plus en sécurité ici.

Cuisine pour le centre

Cette atmosphère pesante n’a heureusement duré que pendant la première semaine de confinement où les journées étaient donc parfois un peu longues. Depuis deux semaines, les activités ne manquent pas. Je suis devenue DJ : la musique résonne quasiment toute la journée dans le centre où petites et grandes dansent. Je leur fais découvrir de nombreux dessins animés. J’ai repris mes cours d’ordinateur (en groupe réduit). Elles étudient (je peux donc les aider en anglais). Et puis, il y a les petites qu’il faut aider pour les repas, les habiller et les coucher.

Personne ne rentre dans le centre, hormis les employés (didis et dadas) qui habitent aux alentours mais de nombreuses personnes ne viennent plus. Il faut donc gérer une quarantaine de filles à effectif réduit. Je suis dans une petite bulle et c’est difficile de se rendre compte de la situation extérieure (familles sans ressources, problème d’accès à la nourriture …). Ce n’est pas comme en France, où l’on peut sortir faire ses courses; ici tout est fermé.

Vive la joie quand même !

Le coronavirus n’enlève pas la joie de ces fillettes ni leurs sourires qui illuminent mes journées. Le 7 avril, après la distribution des masques aux enfants, nous avons eu un spectacle de danse. Les filles s’étaient habillées et maquillées, c’était un très bon moment. Pâques était également une fête attendue par les big girls. Tous les soirs, elles font une prière chrétienne bien qu’elles soient de confessions différentes (hindous, musulmanes, chrétiennes..). Le jeudi saint, nous avons eu un temps de prière plus long que d’habitude. Le vendredi saint, nous avons pu lire le chemin de croix et l’Evangile avec les quatre adolescentes chrétiennes et deux didi. Elles étaient déçues de ne pas assister aux offices ou à la fête organisée en temps normal. Effectivement, c’est dommage de n’avoir pas pu vivre la fête de Pâques version indienne dont me parlaient déjà les filles avant le confinement mais pour autant, nous avons passé une très belle journée.

« La vie est un défi, relève-le », nous dit Mère Térésa. J’ai décidé de relever le défi et de rendre ma mission encore plus belle malgré le confinement. J’ai beaucoup de chance d’être toujours sur le terrain et je profite de ces nombreuses joies quotidiennes.

#Vivelajoiequandmême

Florence, Volontaire MEP

Prière : Je vous confie la grande famille d’Howrah South Point pour qu’elle continue d’être épargnée par le coronavirus et que ce temps de confinement continue de se dérouler dans la joie. Priez pour la famille d’Howrah South Point avec Hozana.org !

 

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