Immersion au Timor Oriental

En décembre 2021 je me suis envolée direction le Timor Oriental (ou Timor Leste), cette petite île inconnue entre l’Indonésie et l’Australie. C’était pendant mon année de césure où j’avais décidé de partir en volontariat pour servir et vivre parmi les plus pauvres. En temps d’incertitudes liées au Covid, mon désir a grandi pendant les mois d’attente avant de trouver un billet d’avion. J’y ai été envoyée par le volontariat MEP pour une ouverture de missions avec Laetitia, elle étant tout juste diplômée d’architecture. J’étais bien loin d’imaginer les véritables changements que j’allais vivre en m’engageant dans cette aventure pendant 8 mois.

Tour d’horizon culturel

Le Timor Oriental est une nation qui vient tout juste de fêter en mai dernier les 20 ans de la restauration de son indépendance, suite à des siècles de colonisation d’abord par les portugais, puis l’invasion indonésienne en 1975 ! C’est le pays des contrastes avec la majesté de ses paysages et sa richesse culturelle, face à la pauvreté de cette nation en train de se construire. Là bas se mêlent souvent chrétienté et traditions ancestrales. Par exemple, en raison de la croyance en un mythe fondateur du Timor, beaucoup, dont des religieux, considèrent le crocodile comme étant un ancêtre. Les infrastructures sont encore à consolider et les habitants vivent dans des conditions précaires : majorité des routes sont caillouteuses et poussiéreuses, conditions d’hygiène rustiques, pas d’accès à l’eau courante potable, et habitations en vieilles tôles rouillées ou en terre et feuilles de palmes dans les villages… La plupart des gens vivent de la vente au marché de produits issus de l’agriculture locale (tels que le riz, des feuilles de kangkung, le maïs) et il y a beaucoup de chômage.

Les langues officielles sont le portugais et le Tetun, et l’on trouve de nombreux dialectes locaux (Makasae, Waimua etc.). Il existe en fait une grande richesse culturelle différente de district en district. En dehors des dialectes qui leur sont propres on retrouve un style différent notamment dans l’architecture des maisons traditionnelles et sacrées ou sur les différents motifs des Ta’is – ces habits en tissages traditionnels dont les couleurs sont plus rosées dans le district de Baucau, noires pour celui de Maliana… L’île est assez montagneuse et on peut contempler à ses extrémités une mer turquoise bordée de magnifiques plages désertes, et une majestueuse végétation faite de cocotiers, bananiers, papayers…qui donne aux premiers abords l’impression de vivre dans un lieu digne d’une carte postale.

La majorité de la population est mineure donc il y a de grands enjeux au niveau de l’éducation pour que le Timor Oriental soit fondé sur des bases solides et puisse se déployer socialement et économiquement. Pendant l’occupation indonésienne, les enseignants étaient indonésiens. Ainsi, quand ils ont quitté le pays, des timorais se sont retrouvés à enseigner sur le tas sans avoir eu au préalable de formation de professeur. De nos jours, même si cela nécessite du temps, l’éducation commence à mieux se structurer comme avec la présence d’une université à la capitale Dili et plusieurs congrégations religieuses sont responsables de l’éducation de la jeunesse.


Mission MEP au Timor, vivre parmi les locaux

J’ai été envoyée par les Missions Etrangères de Paris au Timor Oriental afin d’enseigner l’anglais au collège “Santa Ursula” de Baucau géré par des sœurs Ursulines. Il n’y a pas de père MEP au Timor donc j’étais envoyée au service du diocèse de Baucau. Avec Laetitia et un couple de volontaires Fidesco, nous étions quasiment les seuls Occidentaux de Baucau donc on ne passait pas inaperçus ! C’était une grande aventure dans l’inconnu.

J’enseignais à des classes de grade 7 et 8 (équivalent 5ème et 4ème) et j’accompagnais ma collègue timoraise dans les classes de grade 9 ce qui permettait de pouvoir les aider plus individuellement pour les préparer à l’examen national avant d’entrer au lycée. Il y avait pas mal d’activités extrascolaires telles que du taekwondo, de la musique, un atelier dessin que j’ai créé dans les derniers mois. La mission a été parsemée de cérémonies religieuses et culturelles auxquelles j’ai été invitée telles que la fête de l’indépendance qui a duré une semaine en mai, des mariages, fêtes paroissiales du quartier Vila Nova…

J’aimais bien me rendre à l’école où les élèves étaient attachants mais je savais aussi que la matinée ne serait pas sans défis. En effet, là bas les élèves répondent habituellement aux questions des professeurs d’une seule voix et n’osent encore moins qu’en France dire qu’ils n’ont pas compris ou pas étudié. J’étais heureuse de voir mes élèves oser davantage participer. Certains qui ne travaillaient pas au départ se sont intéressés à mes cours d’anglais. Pour couronner le tout, certains m’ont même fait un discours en anglais quelques jours avant mon départ, ce qui m’a beaucoup émue. J’ai toutefois réalisé que la pédagogie scolaire et l’éducation des jeunes au Timor est loin des codes occidentaux que nous connaissons, des méthodes qui parfois m’ont troublée. Face à ces différences, j’étais tiraillée sur comment agir au-delà des débats. N’étant pas là pour révolutionner le monde j’ai simplement essayé d’être un témoignage en reprenant mes élèves par des méthodes plus douces.

J’ai eu la chance de pouvoir apprendre assez vite la langue Tetun car sa grammaire est assez simple. L’apprentissage du Tetun m’a ouvert la porte de beaucoup de maisons et de cœurs. Malgré cela, ce n’était pas toujours gagné car les modes de communications sont moins directes et les discussions vont moins en profondeur qu’en France. L’inconstance des plans ne facilitait pas tous les jours la mise en place de projets. Néanmoins je réalise que l’intégration, et en particulier ma relation aux enfants, a été une des plus grandes sources de joie de ma mission. Les enfants du voisinage ne se lassaient pas de nous entourer avec Laetitia lorsque nous sortions de chez nous et criaient nos prénoms, réclamaient des check, nous prenaient dans leurs bras… J’ai commencé à me laisser porter par le rythme local et suivre les invitations. Cela m’a conduit à de nombreuses cérémonies où il y avait plein de discours vu que les timorais aiment bien faire de longues formalités. Ma mission consistait alors à rester assise sur une chaise même si je ne comprenais pas le propos et faire honneur au buffet bien mérité. Les gens étaient souvent heureux que l’on soit présentes et que l’on accepte la nourriture qu’ils ont préparée. J’ai appris à vivre davantage l’instant présent avec ceux qui m’entourent, sans trop me projeter et accueillir avec gratitude les belles choses dans les moments moins faciles.

Être sur une ouverture de mission m’a permis d’organiser mon temps libre selon les besoins que je rencontrais et ce que j’aime faire. Le revers de la médaille est qu’en plus de se heurter au choc culturel pour cerner la culture, nous avons fait face à des difficultés matérielles difficilement gérables car notre partenaire local était en général hors de la ville et la communication par message était confuse…mais heureusement l’accueil par les professeurs de l’école, par la soeur Densi (directrice de Sta Ursula) et par toutes les Ursulines était très chaleureux. D’ailleurs c’était souvent une joie d’être jeudi car c’était le soir où il y avait une adoration avec la communauté et l’internat puis un repas de fête avec les sœurs qui me faisaient sentir comme à la maison.

Lorsque je n’avais pas école l’après-midi, je faisais un cours de sport avec Laetitia au centre de jour où nous vivions et nous avons aussi pas mal joué au foot avec les enfants du quartier. J’ai pu développer grâce à la confiance des Ursulines une mission d’animation après les cours auprès des filles de l’internat de l’école. Parfois je les aidais à réviser, mais en général c’était surtout de l’animation : nous avons enchaîné de vives parties de cartes, les chorégraphies de danses dont elles ne se lassent pas, les karaokés sur des musiques timoraises, indonésiennes et anglaises, les jeux de ballon… Les échanges et rires étaient toujours de mise avec ces adolescentes qui débordaient d’énergie, de talents et étaient très curieuses d’en savoir plus sur ma famille, la France… J’ai été impressionnée par leur autonomie : elles gèrent les repas, lessive à la main et chapelet seules à à peine 11-14 ans.

Avec les filles de l’internet et la soeur Luci lors de la fête de l’indépendance

Il y a un grand respect pour les étrangers et les professeurs donc au départ les filles étaient assez formelles. Petit à petit, grâce aux activités ensemble et aux discussions en tetun, j’ai commencé à les connaître plus personnellement et elles sont devenues comme de petites sœurs pour moi. C’était trop sympa parce qu’elles étaient en plus des éléments moteurs de mon cours d’anglais. Je n’ai pas révolutionné leur vie à l’internat mais j’ai remarqué que c’est le fait de passer du temps avec elles qui a marqué plus que toutes les activités que j’ai essayé de mettre en place.


Une Église fervente et fragile

Les religieux et les prêtres en particulier ont une place privilégiée au Timor qui est à 95% catholique.  J’ai trouvé très beau que ce soit les enfants qui animent les lectures et chorales lors de la messe matinale en semaine. Tous les dimanches, une chorale anime la messe et les fidèles se parent de leurs plus belles tenues souvent dignes d’un mariage pour marquer le coup. Ils fêtent en grandes pompes de nombreux saints (St Joseph, Don Bosco, St Antoine…) à travers de longues processions.  Lors de solennités telles que Noël ou Pâques, les fidèles sont nombreux à suivre depuis l’extérieur car l’intérieur des églises est bondé… En petite anecdote, le Vendredi Saint s’est déroulé un chemin de croix “vivant” sous un soleil de plomb à travers la ville et a fini devant l’église paroissiale. Des personnes jouaient les stations de façon théâtrale ce qui était assez marquant mais fait réaliser la portée dramatique et brutale de ces mystères qui affectent encore nos vies.

Comme dans tous les pays, les fragilités sont bien réelles et c’est le cas au Timor Oriental. Dans cette jeune église encore en construction, les difficultés sont présentes face à un pouvoir parfois excessif qui manque de limite dans son application. Mais même si ces inégalités rendent fragile cette communauté, elles ne doivent pas ternir le rayonnement de la vie de foi de ce peuple. Leur foi est visible notamment sur les images pieuses des maisons les plus démunies, les timorais prient entre autres avant de faire un trajet ou de manger. L’espérance est un vrai moteur qui fait lever les yeux avec confiance quand la vie est plus rude et les timorais vous accueillent toujours à bras grands ouverts dans leur famille. J’ai été touchée par l’aide des religieuses qui se révèlent très précieuses, par exemple pour s’occuper de l’éducation des enfants, distribuer la communion aux fidèles, visiter les anciens et malades…


La joie de la rencontre

En dehors des heures à l’école, j’allais à la rencontre de beaucoup de personnes dont certaines m’ont vraiment touchée par leur simplicité et leur témoignage de vie.

Madre Densi m’a invitée à plusieurs reprises à l’accompagner lorsqu’elle allait donner l’Eucharistie à des personnes âgées vivant isolées plus à l’écart sur des collines. Ces personnes âgées, qui ont traversé les périodes d’occupations et vivent dépouillées, pourtant elles nous attendaient avec une petite bougie et toujours un grand sourire. Elles ont un regard chargé d’émotion et nous accueillaient en sortant des chaises en plastique : le peu qu’elles ont, elles l’offrent. L’important, c’est la qualité de présence : comme le disait Mère Teresa « Nous ne sommes pas appelés à faire de grandes choses, mais de petites choses avec un grand amour».

Parmi les autres petites joies de la rencontre se trouvent celles sur le chemin du retour du collège. Tous les jours je passais devant des personnes âgées et un jour elles m’ont fait un signe de m’arrêter. Elles ont été encore plus heureuses de voir qu’une jeune blanche sache parler leur langue ! Ainsi, ça a commencé à devenir un rendez-vous informel régulier de s’arrêter sur le bord du chemin discuter avec Ama Miranda, qui passe sa journée assise sur un petit banc avec sa cousine pour vendre quelques légumes et de l’alcool fermenté à base de coco fait par son mari. Juste à côté se trouve le petit magasin de tôles d’Avo (“grand père”, nom de respect donné à une personne âgée) Eduardo et sa femme où ils vendent des habits de seconde main. Avo Eduardo m’a confié qu’il était vétéran de la guerre au temps indonésien ; il m’a conté qu’un jeune homme doit donner une dot plus ou moins importante (d’animaux, ta’is et argent qui seront pour toute la famille de la mariée) à une femme pour qu’elle lui soit accordée en mariage… Ces anciens avaient un je ne sais quoi, autant dans leur regard pétillant et paisible à la fois que leur façon de me tenir la main, qui m’a bouleversé. Juste être là assise sur un petit banc avec eux leur suffisait. 

Parmi les belles personnes que j’ai rencontrées, j’aimerais vous présenter bin Gina (au premier plan sur la photo qui suit). Au Timor il y a un sens ancré de la famille. Quand on s’adresse à une personne, on utilise généralement un titre tel que bin signifiant « grande soeur », de la même façon que alin/noi (petite soeur), maun (frère)… Gina est une timoraise de 26 ans, qui a grandi dans une famille nombreuse d’agriculteurs dans un village du district de Baucau. Après le lycée, elle n’a pas continué ses études car cela coûte cher et elle s’est mise au service des sœurs de la communauté Ursulines où elle habite. Gina travaille dès le matin à la cantine de l’école avec Berta, Neti et la sœur Ester. Après l’école elle fait les courses au marché et cuisine pour les sœurs. Malgré la difficulté pour communiquer dans les premiers temps à cause de la barrière linguistique, elle a été patiente et m’a aidé à progresser en Tetun avec l’aide de la sœur Ester qui est à l’aise en anglais. Au-delà d’une vision de l’“étrangère blanche », Bin Gina m’a vite traitée comme une amie et a essayé d’apprendre à dire « Bonjour…ça va..merci…à demain » en français ce qui a donné lieu à de bons fous rires.

Au cours de ma mission j’allais souvent filer un coup de main à la cantine, et je me suis liée d’amitié avec bin Gina. Elle a un bon caractère, une grande foi et vit pleinement chaque jour en souriant, riant, chantant. J’ai toujours été touchée par son témoignage de vie radicale : elle est totalement dévouée à ce qu’elle fait, ne rentre que rarement voir sa famille et sort peu avec des amies. Je la croisais aussi quand je me rendais à l’internat et je me souviendrai toujours de ce jour où avec Arrela, une élève de 4ème, elles m’ont donné un cours de kizomba et d’une danse traditionnelle appelée « Dansa kultura ». Enfin, l’avant dernier jour de ma mission à Baucau, bin Gina m’a même rédigée une lettre et offert une sacoche en tissu traditionnel pour emporter une part d’elle dans mon voyage.


La richesse des pauvres, chemin de conversion intérieure

Même si ça peut sembler étrange, j’ai été témoin que les pauvres n‘ont pas besoin de raison pour célébrer la vie en chantant ou dansant. Ils sont amateurs de karaoké à pas d’heure du jour ou de la nuit, de danses, autant traditionnelles que celles de Tik Tok. Le peuple timorais est très accueillant, souriant, familial et fait preuve d’une belle entraide. Ils aiment beaucoup l’humour quitte à répéter une blague sept fois pour être sûr qu’elle soit réussie. Personne ne peut ravir leur bonheur car il n’est pas dans les biens extérieurs mais réside dans la bonté de leur cœur et leur Foi en Dieu. C’est un peuple qui a également un grand respect pour le malae (l’étranger). Contrairement à nous autres Occidentaux qui courons sans cesse et cherchons la performance, ils se contentent de ce qu’ils reçoivent chaque jour et ne se prennent pas la tête par rapport au lendemain.

Mes derniers instants au Timor Oriental en juillet ont été forts en émotions et interpellants. Lorsque le moment des “au revoir” a commencé à arriver, (c’est-à-dire presque 3 semaines avant mon vol !) plusieurs personnes de mon entourage m’ont dit quelque chose qui se traduirait par «merci….pardon car il a pu m’arriver de mal agir ou de mal parler…bonjour à ta famille !». Je l’ai compris comme une sorte de prière pour se quitter en de bons termes, en profitant de l’occasion pour poser des mots sur des émotions et montrer ce qui compte le plus : notre relation et ma famille vers qui je rentre. Malgré l’étrange récurrence de cette formule assez codifiée, j’ai trouvé ça authentique et très beau comme message.

J’ai donné mais j’ai tellement reçu lors de cette mission à Baucau. Je suis heureuse que la mission se poursuive au Timor et j’espère qu’elle continuera de se déployer avec la coopération des communautés locales. Le pays encore jeune a de nombreux défis à relever comme la formation, la construction d’infrastructures… auxquels les volontaires peuvent apporter leur compétences, mais aussi à leur tour se laisser transformer par la mission. A un moment donné je me demandais si notre présence était bien utile dans un pays catholique qui avance à son propre rythme alors que je sais que certaines personnes préfèreraient de l’argent à des volontaires. Mais j’ai été touchée et encouragée dans ma mission lorsqu’une personne a fait remarquer qu’elle était touchée par le témoignage que représentait notre présence avec Laetitia : que l’on ait laissé pour plusieurs mois notre vie en France pour aller vivre seules parmi eux aux extrémités de la Terre, travailler avec eux en s’adaptant à leurs coutumes et participant à la vie de la communauté locale.

En fin de compte, lors de ces mois de mission j’ai fait l’expérience de la parole “heureux les pauvres en esprit car le Royaume des Cieux est à eux” car “ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout petits”. Il ne s’agit pas d’une pauvreté matérielle ni intellectuelle mais d’une disposition spirituelle qui nous fait reconnaître notre humble condition humaine et ne pas s’appuyer que sur nos propres richesses mais ouvrir notre cœur à Dieu. Cette béatitude est un chemin de vie pour nous tous de là où nous en sommes. Je suis aussi reconnaissante pour la présence de Laetitia qui a été un soutien et une source d’inspiration pendant ma mission. J’ai apprécié avoir de belles discussions, pouvoir râler et rire, faire des excursions les week-ends entre volontaires. Et bien que je sois désormais loin de cette terre et de ses habitants que j’ai aimés, je sais déjà que ma mission au Timor Oriental a laissé une marque dans mon cœur et a représenté un bel élan pour ma vie. Et pour cause, après des études en physique ma mission a été un tremplin qui m’a conduit à entrer cette année en master « Management de la solidarité internationale et de l’action sociale » à l’Ircom. J’ai appris à travers la rencontre avec l’Autre, à mieux m’écouter, me connaître, et découvrir là où je me sens animée pour développer mes talents au service du monde. C’est une belle suite qui va me permettre de continuer à servir les plus vulnérables et transmettre la joie qui m’habite.

 

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