J’étais un jeune catho parmi tant d’autres quand j’ai discerné, il y a quelques années, l’appel à consacrer ma vie au Seigneur. Cet appel, je l’ai concrétisé, à peine le bac en poche, en rentrant au séminaire pour y éprouver mon désir de devenir prêtre dans le diocèse de Créteil. Après trois ans de formation, j’ai demandé à mes supérieurs de partir donner un an de ma vie en volontariat MEP pour vivre, d’une manière plus radicale encore, l’Évangile du Christ. En effet, ne lit-on pas en Matthieu : « Allez de par toutes les nations, faites des disciples » ? C’est donc que la mission ad gentes, ad extra fait partie de l’ADN du chrétien ! Et auprès de qui peut-on apprendre à vivre cette parole sinon auprès de ceux qui, depuis des siècles, la vivent au point d’en faire leur devise ? J’ai donc été envoyé en mission à Hong-Kong par les MEP pour y vivre une année de « stage » dans le cadre du séminaire. La mission que j’ai reçue se découpe en trois axes. Le premier volet se vit auprès des plus pauvres. Je me suis rendu tout au long de l’année à l’Ehpad Sainte-Marie tenu par les Petites sœurs des pauvres pour y travailler en tant qu’auxiliaire de vie. J’assistais les résidents dans les tâches les plus simples de la vie quotidienne. Ce service humble, peu méritoire, fut une nouvelle leçon de persévérance et de charité toute discrète. C’est peut-être une première clé de l’évangélisation : la persévérance.
Le second volet de la mission nous invite à changer de décor. Quittant le Hong-Kong défavorisé, je découvrais le monde globalisé des expatriés français. J’ai donc travaillé pour la communauté catholique francophone auprès de laquelle j’exerçais une mission pastorale comparable à celle de beaucoup de séminaristes en France. Ce petit échantillon de France exilé en terre étrangère m’a mis en rapport avec toutes les écoles de pensée que notre pays peut connaître en son sein, m’obligeant à une plus grande attention à l’autre pour montrer Dieu sur le chemin où chacun se trouve. Me livrant ainsi une seconde clé de l’évangélisation : l’écoute.
Partir à la rencontre de l’autre
Le troisième volet de la mission se résume à l’apprentissage de la langue et à la découverte de la culture. Depuis Babel, l’apprentissage de la langue est inhérent au travail de tout missionnaire ! Pour ma part, ce fut la découverte du cantonais et de la culture chinoise, de ses mille et un petits rien qui permettent à l’homme de vivre en société. Dans cette nouvelle culture, il a fallu réapprendre à vivre pour et par le Christ. C’est souvent dans les crises que l’on apprend à mieux connaître un pays et, en termes de crise, je peux dire que Hong-Kong en a eu son compte cette année. Les manifestations en automne, la pandémie au printemps puis le retour en force de Pékin en ce début d’été… La première crise fut l’occasion de s’interroger une nouvelle fois sur le prix de la liberté, sur l’importance de la justice, sur la primauté de la vérité, la seconde sur la nécessité des sacrements, la faiblesse de toute condition humaine et son inestimable prix.
L’évangélisation est un travail de longue haleine, sans cesse il faut se remettre à l’ouvrage et inventer des moyens de faire connaître le Christ. Cette mission nous pousse toujours à partir à la rencontre de l’autre, de celui qui ne connaît pas Dieu, pour le lui présenter. Dans Missionnaire sans bateau, un texte écrit par la vénérable Madeleine Delbrêl il y a quelques dizaines d’années ; la mystique cristolienne part des paroles de notre Seigneur : « nul n’est prophète en son pays » développe cette intuition évangélique. La mission nous pousse à partir évangéliser différents pays, porteurs chacun d’une culture et d’une langue qu’il faut connaître et maîtriser. C’est cela que les MEP transmettent à leurs volontaires, en les envoyant en mission ad gentes, ad extra, elles les préparent à vivre cette même mission en France en portant la parole jusque dans la jungle de notre société.
Guilhem, volontaire MEP
extrait de la Revue MEP n° 561, juillet-août 2020
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