Être utile avec son coeur

Un jour on choisit de partir en mission, un jour on franchit le cap, un jour on atterrit à Taïwan et on se fait secouer les puces par la réalité de le mission... 

Arrivée à un carrefour de ma vie à la fois professionnelle et personnelle, j’ai voulu partir en mission humanitaire. Et puis j’ai découvert les Missions Etrangères de Paris et avec elles, que partir oui, mais avec une dimension spirituelle m’apporterait bien plus. J’ai donc été envoyée en mission de volontariat à Taïwan chez les Petites Soeurs des Pauvres dans une de leurs maisons où elles accueillent des personnes âgées pauvres.

Je suis partie pleine d’enthousiasme, motivée et pourtant, mes deux premières semaines là bas ont été difficiles. En effet, pendant notre semaine de formation organisée par les Missions Etrangères de Paris, une psychologue nous a mis en garde contre le fait de se rendre indispensable en mission. De son regard éclairé d’être en contact avec les MEP depuis plusieurs années, elle nous conseillait de ne pas chercher à nous rendre indispensable en mission. Pourtant, en arrivant à Bali, c’est une véritable claque que j’ai d’abord prise. Impossible de penser être indispensable alors même que je pouvais à peine être utile. J’étais partie pour me détacher de ce sentiment d’inutilité prégnant dans ma vie parisienne pour découvrir que, même au bout du monde, ce sentiment m’attendait encore.

Confrontée à cette difficulté, j’ai choisi d’ouvrir mon coeur patiemment pour découvrir pourquoi, en quête d’utilité, j’avais été envoyée être inutile à 10 000 km de chez moi. Durant ces deux premiers mois de mission j’ai appris à appréhender cette sensation jusqu’à découvrir qu’être utile n’est simplement pas du tout ce que je m’étais toujours figuré. Être utile ne veut pas uniquement dire être occupée 100% de son temps, avoir 150 missions à réaliser dans une journée, ça peut être plus, ça peut même être mieux. J’ai ouvert les yeux, mis le doigt sur une autre forme d’utilité : l’utilité du coeur. Bien sûr, on peut la soupçonner d’exister toute sa vie, on la met même un peu en pratique dans notre vie de tous les jours auprès de nos amis, nos famille mais en mission, on n’a plus que ça. Je n’ai que ça à faire, mettre mon coeur au service de ces personnes âgées avec qui je partage 4 mois de ma vie.

Leur offrir ce que j’ai dans le coeur pour faire de la place pour recevoir ce qu’ils ont à donner du leur. J’ai ainsi compris que certes je ne cours pas toute la journée, certes je ne suis pas débordée, mais j’ai quelque chose de bien mieux : je partage avec les résidents des moments réellement précieux au quotidien. Faire équipe avec le zhujiao (évêque) émérite de Taipei qui vit dans notre maison pour essuyer la vaisselle ; faire le tour de la maison avant chaque repas avec une résidente en disant le chapelet en chinois ; observer les résidents jardiniers ; se laisser prendre la main par une nai nai (grand mère) pour un moment plus chaleureux ; avoir des discussions sur la culture locale avec certains résidents et mon professeur de chinois faisant l’interprète.

Bien sûr, ma mission ne peut s’arrêter à avoir compris cela. J’ai découvert que je peux être utile avec mon coeur, j’apprends maintenant à le faire au quotidien, à faire taire mes petites voix intérieures pour pleinement me consacrer à cette mission. Tout cela m’a demandé et me demande encore de prendre du recul et de lâcher prise, c’est un apprentissage de chaque jour. Taïwan aura été ma maison pendant plusieurs mois, quand je quitterai cette maison, je choisis de vivre un nouveau départ en mission, partir en mission en France, à Paris, être missionnaire au quotidien.

Agathe, volontaire MEP

 

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