L’Artemisia
Souhaitant découvrir un autre pays, de nouvelles productions agricoles, une nouvelle culture, j’ai conclu un accord avec mon entreprise pour me rendre disponible 6 mois, et partir en volontariat avec les Missions Étrangères de Paris. J’ai été envoyé en mars 2021 à Madagascar, en tant que chef de projet Agri/Agro pour travailler sur une plante miracle, l’Artemisia.
Je suis basé à Port Bergé au Nord-Ouest du pays, là où se trouve l’association française « LA MAISON DE L ARTEMISIA. C’est une association humanitaire, créée en 2018, qui a pour objectif de prévenir et guérir du Paludisme et de la bilharziose les populations les plus vulnérables.
Ce réseau, présent dans toute l’Afrique, travaille avec différents acteurs producteurs, transformateurs et distributeurs, en les formant au développement et à l’entretien de cette plante, dans une éthique humanitaire.
L’Artemisia est consommée sous forme de tisane. Elle possède de nombreuses vertus médicinales. Nous ne connaissons pas son effet sur la Covid-19, mais elle a surtout un effet bénéfique pour renforcer les défenses immunitaires.
Les premières semaines sont consacrées à l’observation, afin de comprendre comment fonctionne cette plante et d’analyser ses besoins. Je découvre les différentes étapes de production ; du semis en pépinière jusqu’à la récolte, en passant par la transformation de la plante en tisane.
L’étape la plus cruciale est d’assurer une bonne levée, car les graines sont toutes petites et cela demande donc une attention particulière. La levée réalisée, nous pouvons placer les jeunes plantes dans des pots composés de fumier et de terre, afin de s’assurer d’une bonne reprise de végétation en champs. Trois semaines plus tard, on repique en pleine terre l’Artemisia afin qu’elle continue son cycle naturel de développement. 3-4 mois après, nous procédons à la récolte.
Cette culture est fascinante, cependant elle demande d’être surveillée attentivement pour s’assurer de son bon développement. C’est un travail passionnant qui demande une grande rigueur.
Grâce aux agronomes de l’association, j’ai pu mettre en place différentes techniques de productions, notamment liées à l’ensoleillement et l’arrosage de cette plante.
Nous avons produit en deux mois 10 000 pieds qui furent redistribués aux agriculteurs autour du centre. Proposer cette nouvelle production aux cultivateurs rentre dans une démarche de valorisation des terres après la culture du riz. Les agriculteurs sont satisfaits de cet accord, car nous leur achetons la marchandise à un bon prix.
Trouver des producteurs de confiance était une activité difficile mais très enrichissante. Pour choisir une personne de confiance, nous avons négocié ensemble au préalable, en leur expliquant les bienfaits de cette culture et la valorisation économique que cela pouvait leur apporter.
Les connaissances en négociation, que j’avais acquise durant mes années d’entreprise, m’ont beaucoup servi. Savoir négocier, en analysant les besoins de son interlocuteur, est primordial dans le commerce et encore plus à Madagascar. Ces échanges m’ont également beaucoup apporté, tant sur le plan humain, que professionnel.
J’ai également pu échanger avec des médecins, des chercheurs, des scientifiques, afin de mieux comprendre toutes les vertus médicinales de cette plante.
Un déplacement à travers le pays et des rencontres inoubliables
La pépinière terminée, un nouveau défi m’attendait ; partir à travers le pays pour vendre et promouvoir cette plante fascinante, qui sauvent des vies, aux peuples malgaches, et les sensibiliser sur ses bienfaits !
Préparer ce déplacement fut intéressant. Grâce aux réseaux de la maison de l’Artemisia, et aux rencontres faites depuis le début de mon séjour, j’ai pu m’organiser afin de trouver des personnes acceptant de m’héberger, parfois dans des communautés religieuses, parfois chez des personnes convaincues et admiratives de l’Artemisia. Tous sont des acteurs intéressés par le développement de cette culture.
Mon séjour dans une ville dure de 2 à 4 jours. L’objectif est de rencontrer les médecins, les pharmaciens, de trouver des personnes de confiance, et de continuer la promotion et le réapprovisionnement en tisane des prochaines semaines. Assurer la pérennité de la vente est indispensable si l’on souhaite que la tisane soit accessible à tous !
Chaque échange avec une personne est une source d’information primordiale. La diversité de mes rencontres m’a permis de comprendre beaucoup de choses sur la vie du pays et la culture Malgache. Être curieux et avoir une ouverture d’esprit, tel était ce qui me guidait chaque jour, pour continuer d’avancer et poursuivre mon voyage, de ville en ville.
J’ai offert de mon temps pendant quelques mois, mais j’ai reçu le triple de ce que j’ai investi. Si je peux donner un conseil à ceux qui se posent encore des questions sur un départ en volontariat : Allez-y, foncez !
Alban Morisseau
Volontaire Mep, Madagascar