Une jeunesse en mission

À l’heure où il n’a jamais été aussi facile de prendre l’avion pour traverser la planète et où les possibilités de se mettre au service foisonnent, qu’est-ce qui pousse de nombreux jeunes à frapper au portail de la rue du Bac pour vivre un temps de volontariat ?

Depuis quinze ans, plus de deux mille deux cents jeunes ont endossé le polo bleu et blanc pour être envoyés depuis notre chapelle des MEP. Ils ont rejoint les Pères des Missions Étrangères, ou les communautés chrétiennes de l’Asie et de l’océan Indien, pour un temps de volontariat ayant une forte coloration missionnaire. C’est peut-être cela qui constitue la marque de fabrique et l’intuition fondatrice du Volontariat MEP. Permettre à des jeunes de mettre leurs pas dans ceux des premiers missionnaires, marcher dans le sillon que ces derniers ont tracé, être accueillis par les communautés qu’ils ont formées, entrer dans une histoire d’amitié avec ces peuples, apporter leur pierre à l’édifice en étant un maillon de cette aventure missionnaire commencée il y a trois cent soixante ans. Voilà de quoi motiver un jeune pour partir en volontariat avec les MEP en 2018.

Entrer dans une histoire

Qui s’intéresse à l’histoire des Missions Étrangères sait que les missionnaires n’ont pas attendu le XXe siècle et le décret sur l’apostolat des laïcs pour associer les fidèles laïques à l’effort missionnaire. Dès les origines de la société MEP, les catéchistes autochtones ont joué un rôle clef dans l’implantation de l’Église locale. Bien plus que des traducteurs, ils sont des laïcs missionnaires, qui dévouent leur vie au service de l’Évangile et de leurs frères. C’est d’ailleurs bien souvent en leur sein que sont nées les premières vocations locales. Les volontaires MEP sont différents par leur origine et la durée de leur engagement mais ils sont aussi une modalité de cette mission universelle de l’Église menée par le peuple de Dieu tout entier. Baptisés, ils jouent ce rôle de « pont » commencé il y a trois cent soixante ans par les premiers vicaires apostoliques en servant la communion et la coopération entre les Églises du monde. Ils partent avec au cœur ce qui les a nourris et fait grandir comme fils et filles de l’Église en France. Ils sont témoins de leur foi et reviennent enrichis de ce qu’ils ont reçu et qu’ils redonneront dans leurs engagements futurs. C’est tout l’enjeu de l’accompagnement de ces jeunes : leur permettre d’entrer joyeusement dans cet esprit missionnaire pour que le volontariat soit une étape nouvelle vers une vie de chrétien adulte et qu’il les aide à répondre à la vocation de disciple missionnaire qui est la vocation de tout chrétien. Ce n’est rien d’autre que l’appel à la sainteté.

Quête de sens, quête de soi, quête de Dieu

Les jeunes qui se présentent pour un temps de volontariat sont dans une quête personnelle. À une étape charnière de leur vie, en cours d’études ou de premiers jobs, ils expriment souvent que quelque chose manque à leur vie, qu’ils aspirent à un « davantage » Ils voudraient se consacrer à l’essentiel. Leurs motivations sont multiples, elles pourraient être résumées ainsi : sortir de leur zone de confort. Les paroles du pape François, à Cracovie (1) ont fait mouche, lui qui invitait la jeunesse à quitter son canapé ! 
Ils ont envie de se laisser bousculer, 
n’est-ce pas le signe d’une Église en sortie ? Ils expriment le besoin de se décentrer d’eux-mêmes et de leurs préoccupations, pour vivre une vie plus authentique, en allant à la rencontre de l’autre dans sa différence. Ils veulent apprendre à se donner, à plein temps.

S’éprouver dans une culture

Les futurs volontaires ont tous une expérience d’engagement, ils ont déjà pu se mettre au service, en paroisse ou dans des mouvements, le scoutisme, les maraudes, l’aumônerie étudiante. Mais ils ont l’intuition qu’il y a plus que ce qu’ils ont découvert. Ce qui les a fait grandir mérite d’être vécu intensément, à plein temps, pour une période de service où ils seront attelés tout entiers à cette tâche qui consiste à se donner soi-même. Les futurs volontaires sont habités par un désir assumé d’aventure, partir à l’inconnu, s’éprouver dans une culture et un contexte différents, découvrir le monde comme une manière de se découvrir soi-même. « Car c’est en se donnant qu’on reçoit, c’est en s’oubliant qu’on se retrouve » dit la prière de saint François d’Assise. Ils ont entendu les témoignages de ceux qui sont revenus et qui ont vécu leur mission comme une « école de vie ». Cette expérience les a révélés à eux-mêmes. En n, ils partent avec les Missions Étrangères, un institut missionnaire, au nom de leur foi. Ce n’est pas un des moindre de leurs désirs que d’être accompagnés dans leur motivation spirituelle. Ils souhaitent vivre une expérience de foi en Église. Aller à la rencontre des communautés chrétiennes qu’ils vont servir, et à travers elles aller à la rencontre du Christ, en faisant avancer son royaume, en eux et autour d’eux.

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Le mode normal de la vie chrétienne

À travers toutes ces motivations, ils n’ont pas de mal à identifier que quelque chose les travaille au plus profond d’eux-mêmes. Dans cette aspiration à un « davantage », ils peuvent lire un véritable appel intérieur qui les met en mouvement. C’est un service qui leur est rendu que de leur permettre de mettre des mots et de leur donner un lieu où ils vont pouvoir vivre, se donner et incarner cet appel. Le volontariat est un tremplin pour leur vie car c’est une expérience de conversion. L’enjeu de la formation et de l’accompagnement des volontaires est de leur permettre de discerner que la mission est le mode normal de la
vie chrétienne. L’Église n’a pas une mission, elle est mission, et cette mission est passionnante, même
pour les jeunes !
 Les actions quotidiennes les plus
 humbles contribuent au bien
commun et participent de l’activité missionnaire de l’Église. Pour
les volontaires sur le départ, il s’agit
alors de passer de leur projet personnel
à un projet qui les dépasse. Sous la conduite de l’Esprit Saint, l’appel de Dieu est le garant d’une mission qui est à la hauteur de leurs attentes les plus profondes. Les futurs volontaires sont envoyés par un évêque de France, signe du lien avec leur diocèse d’origine, symbole aussi que les volontaires sont appelés et envoyés. L’Église reconnaît leur appel, prie pour eux et les envoie pour être des artisans engagés de la mission universelle. Le volontariat est une école d’évangélisation pour là-bas et pour ici où les premiers évangélisés sont les volontaires eux-mêmes.

 

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Volontaires ad vitam

« Soyez dans la joie et l’allégresse (2) » dit Jésus à ceux qui sont persécutés ou humiliés à cause de lui. Le Seigneur demande tout et ce qu’il offre est la vraie vie, le bonheur pour lequel nous avons été créés. Il veut que nous soyons saints et il n’attend pas de nous que nous nous contentions d’une existence médiocre, édulcorée, sans consistance. En réalité, dès les premières pages de la Bible, il y a l’appel à la sainteté. Voici comment le Seigneur le proposait à Abraham : « Marche en ma présence et sois parfait (3) », comme le cite le pape François dans son exhortation Gaudete et Exsultate, publiée en avril 2018. Comment ne pas faire place à ce récent appel que nous adresse le pape François, cette invitation renouvelée à la sainteté universelle ? Le volontariat est un des chemins concrets pour les jeunes de répondre à cet appel, une pierre de fondation pour cette vocation commune à tous les chrétiens. C’est bien parce qu’ils ne désirent pas vivre une existence en demi-teinte que ces jeunes ont choisi de partir en volontariat missionnaire. Ces jeunes aspirent à vivre une vie qui soit belle et qui ait du sens, à la hauteur de leurs idéaux. Le pape François écrit dans cette exhortation : « La sainteté est le visage le plus beau de l’Église. (…) Pour un chrétien, il n’est pas possible de penser à sa propre mission sur terre sans la concevoir comme un chemin de sainteté, car voici quelle est la volonté de Dieu : c’est votre sanctification (4) ». Il exhorte chacun : « Par conséquent, tu ne te sanctifieras pas sans te donner corps et âme pour offrir le meilleur de toi-même dans cet engagement. ». C’est parce que cet engagement n’est pas celui d’un moment que nous avons choisi Ad Vitam comme titre de l’exposition des quinze années de Volontariat aux MEP. Puissent de nombreux jeunes continuer de répondre à l’appel du Seigneur à se mettre au service de l’Évangile aux côtés de nos frères et sœurs d’Asie et de l’océan Indien, et se mettre ainsi en route, sur leur chemin de sainteté et de joie missionnaire.

Père Bernard de Terves, MEP
extrait de la Revue des Missions Etrangères, N°538 mai 2018

1. Journées mondiales de la jeunesse à Cracovie (Pologne), juillet 2016.
2. Évangile de Saint Matthieu chapitre 5 verset 12. 3. Livre de la Genèse chapitre 17 verset 1
4. Première épître aux Thessaloniciens chapitre 4 verset 3.
3. Livre de la Genèse chapitre 17 verset 1
4. Première épître aux Thessaloniciens chapitre 4 verset 3.
4. Première épître aux Thessaloniciens chapitre 4 verset 3.
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