Ancienne volontaire MEP en Indonésie, Jeanne est cheffe de projet du centre multiconfessionnel du Village olympique et paralympique pour l’édition des JOP 2024. Elle témoigne de la continuité entre sa mission en Asie et cette prise de poste.
Après un an passé en Indonésie en tant que professeur et figure de « grande sœur », le retour en France a été compliqué, avec une question qui revenait souvent: « Mais que vais-je faire maintenant ? » Il faut dire que j’avais démissionné de mon poste de consultante pour me lancer dans le volontariat et que je n’avais pas de projet concret en tête pour mon retour sur le marché du travail.
C’est une heureuse coïncidence, ou devrais-je dire la providence, qui m’a mise sur le chemin du Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques (COJOP). En parcourant ses offres disponibles, un intitulé de poste m’a interpellée : « Chef du projet Centre multiconfessionnel ». La description du poste m’a tout autant surprise et, il faut le dire, charmée, si tant est que, quelques semaines plus tard, je décrochais le job. Mais qu’est-ce qu’un centre multiconfessionnel ? C’est un lieu d’accueil et de soutien spirituel pour tous les athlètes résidant au Village olympique et paralympique, pour qu’ils puissent méditer et prier. En étroite collaboration avec des représentants des différentes religions identifiées par le Comité international olympique (CIO) — le bouddhisme, le christianisme, l’hindouisme, l’islam et le judaïsme -, c’est un espace qui regroupe des salles de prières par religion et un espace d’accueil. Des intervenants des différents cultes seront présents pour animer la vie du centre et être disponibles pour les athlètes. Ce n’est pas une nouveauté dans les Villages olympiques et paralympiques. Cela fait déjà de nombreuses éditions des Jeux qu’un centre multiconfessionnel est demandé par le CIO.
Et mon rôle dans tout ça ? Coordonner l’ensemble des activités et parties prenantes liées au centre, que ce soient les référents de chaque culte ou les différents départements de Paris 2024 impliqués dans le projet. Pendant les Jeux, la gestion des imprévus et la garantie de la bonne tenue du lieu se joignent à cette mission de coordination.
Avant mon volontariat de solidarité internationale (VSI), je ne me serais probablement jamais sentie légitime ou qualifiée pour ce poste. Mais, là, j’ai tout de suite senti que c’était fait pour moi. C’était la continuité parfaite de mon volontariat. En effet, la cohabitation harmonieuse entre les religions est quelque chose qui m’a touchée en Indonésie. 85 % de la population est de confession musulmane, mais les communautés catholiques, protestantes, bouddhistes et hindoues sont très dynamiques. Toutes se mêlent volontiers et respectent les pratiques des autres. Chaque fête religieuse, quelle que soit la religion qui la célèbre, est l’occasion de fêter l’événement ensemble. À Noël, pour l’Aïd, au Nouvel An chinois, les maisons ouvrent leurs portes et familles chrétiennes, musulmanes et bouddhistes s’invitent, les unes les autres, pour partager un repas, ainsi que la joie de leur célébration. Je retrouve cela dans mon travail pour le centre multiconfessionnel : la collaboration fraternelle, avec et entre les référents de chaque culte, afin de créer un espace dédié à la spiritualité de tous, propice aux rencontres, aux partages et à la tolérance entre athlètes venus du monde entier.
Et quoi de mieux que de promouvoir ces valeurs qui sont aussi celles du sport et de l’olympisme ? Sans compter que ce poste me permet d’en apprendre plus sur chacune des religions, ma curiosité naturelle en est tout simplement ravie ! J’ai hâte de voir ce lieu prendre vie pendant les Jeux, un beau symbole d’unité et de solidarité!
extrait de la Revue MEP n° 605, juillet-août 2024