Chers jeunes
Je suis très heureux de vous rencontrer à la fin du 11ème Forum International des Jeunes, organisé par le Dicastère pour les Laïcs, la Famille et la Vie, avec l’objectif de promouvoir la mise en œuvre du Synode de 2018 sur Les jeunes, la foi et le discernement vocationnel. Je félicite le Cardinal Farrell et tous ses collaborateurs pour cette initiative qui reconnait en vous, les jeunes, les premiers protagonistes de la conversion pastorale tant désirée par les pères synodaux. Ce mot “protagoniste” n’est pas un geste de diplomatie et de bonne volonté, ou ils sont protagonistes, ou ils ne sont rien ; ou ils sont à l’avant du train ou ils finiront dans le dernier wagon, emportés par la marée. Protagonistes. Vous êtes jeunes et des jeunes en action dans une Eglise synodale, et c’est pour ça que vous avez médité et réfléchi ces derniers jours.
Je remercie le Cardinal Farrell pour ses paroles, je vous remercie pour la lecture de la proclamation finale, et je remercie le Cardinal Baldisseri, qui a mené le Synode, pour sa présence. Merci.
Le Document final de la dernière Assemblée synodale voit « l’épisode des disciples d’Emmaüs (cf. Lc 24, 13-35) comme un texte paradigmatique, c’est-à-dire un modèle, pour comprendre la mission ecclésiale en relation avec les jeunes générations » (n.4). Lorsque les deux disciples étaient assis à table avec Jésus, il « prit le pain, il prononça la bénédiction et, l’ayant rompu, il le leur donna. Alors leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent » (Lc 24, 30.31). Ce n’est pas un hasard si vous avez pu célébrer la solennité du Corpus Christi précisément dans les jours où vous étiez réunis pour cette rencontre. N’est-ce pas le Seigneur qui veut, une fois encore, ouvrir vos cœurs et vous parler par le moyen de ce passage d’Evangile ?
L’expérience que les disciples d’Emmaüs ont vécue, les a poussés irrésistiblement à se mettre de nouveau en marche, bien qu’ils aient parcouru onze kilomètres. L’obscurité arrivait, mais ils n’avaient plus peur de marcher de nuit, puisque c’est le Christ qui éclairait leur vie. Nous aussi, un jour, nous avons rencontré le Seigneur sur le chemin de notre vie. Comme les disciples d’Emmaüs, nous avons été appelés pour porter la lumière du Christ dans la nuit du monde. Chers jeunes, vous êtes appelés à être la lumière dans l’obscurité de la nuit de tant de camarades qui ne connaissent pas même la joie de la vie nouvelle en Jésus.
Cléophas et l’autre disciple, après avoir rencontré Jésus, ont senti le besoin vital d’être avec sa communauté. Il n’y a pas de joie véritable si on ne la partage pas avec les autres. « Il est doux pour des frères de vivre ensemble et d’être unis ! » (Ps 133, 1). J’imagine que vous êtes contents d’avoir participé à ce Forum. Et maintenant qu’est venu le moment de nous séparer, peut-être que vous sentez une certaine nostalgie…Et Rome sera plus tranquille. C’est normal qu’il en soit ainsi. Cela fait partie de l’expérience humaine. Les disciples d’Emmaüs non plus ne voulaient pas que leur “hôte mystérieux” parte… « Reste avec nous », disaient-ils, voulant le convaincre de rester avec eux. Dans d’autres passages de l’Évangile, ce même sentiment apparaît. Rappelons-nous, par exemple, la Transfiguration, lorsque Pierre, Jacques et Jean veulent dresser des tentes et rester sur la montagne. Ou bien lorsque Marie Madeleine rencontre le Ressuscité et veux le retenir. Mais « son Corps ressuscité n’est pas un trésor à emprisonner, mais un Mystère à partager » (Document final du Synode, n. 115). Nous rencontrons Jésus surtout dans la communauté et sur les chemins du monde. Plus nous le portons aux autres, plus nous le sentons présent dans nos vies. Et je suis sûr que vous le ferez quand vous serez de retour chez vous. Le texte d’Emmaüs dit que Jésus a allumé un feu dans le cœur des disciples (cf. Lc 24, 32). Comme vous le savez, le feu, pour qu’il ne s’éteigne pas, doit se répandre, pour ne pas devenir des cendres, il doit se propager. C’est pourquoi, alimentez et propagez le feu du Christ que vous avez en vous !
Chers jeunes, je le répète encore une fois : vous êtes l’aujourd’hui de Dieu, l’aujourd’hui de l’Église ! Pas seulement l’avenir, non, l’aujourd’hui. Soit vous jouez aujourd’hui, soit vous perdrez la partie. Aujourd’hui. L’Église a besoin de vous pour être pleinement elle-même. Comme Église, vous êtes le Corps du Seigneur ressuscité présent dans le monde. Je veux que vous vous rappeliez toujours que vous êtes les membres d’un unique Corps, de cette communauté. Vous êtes unis les uns aux autres, seuls vous ne pourriez pas survivre. Vous avez besoin les uns des autres pour faire bouger vraiment les choses dans un monde toujours plus tenté par les divisions. Pensez à cela : dans le monde, les divisions se multiplient ; et les divisions engendrent des guerres, des inimitiés. Et vous devez être le message de l’unité. Que ça vaut la peine de marcher sur cette voie. C’est seulement en marchant ensemble que nous serons vraiment forts. Avec le Christ, Pain de Vie qui nous donne la force pour la route, portons la lumière de son feu aux nuits de ce monde !
Je voudrais profiter de cette occasion pour vous faire une annonce importante. Comme vous le savez, le chemin de préparation au Synode de 2018 a coïncidé en grande partie avec l’itinéraire vers les JMJ de Panama qui ont eu lieu trois mois après. Dans mon message aux jeunes de 2017 j’avais exprimé l’espérance qu’il y ait une grande harmonie entre ces deux chemins (cf. Document préparatoire, III, 5). Et bien ! la prochaine édition internationale des JMJ sera à Lisbonne en 2022. Et il y a une Portugaise enthousiaste là-bas… Pour cette étape du pèlerinage intercontinental des jeunes, j’ai choisi le thème suivant : “Marie se leva et partit avec empressement” (cf. Lc 1, 39). Et pour les deux années qui précèdent, je vous invite à méditer sur les versets : « Jeune homme, je te le dis, lève-toi » (cf. Lc 7, 14, Chrisus vivit, n. 20) et « Lève-toi, je te destine à être témoin de ce que tu as vu » (cf. Ac26, 16). De cette manière, je souhaite qu’il y ait une syntonie entre l’itinéraire jusqu’aux Journées Mondiales de la Jeunesse de Lisbonne et le chemin post-synodal. N’ignorez pas la voix de Dieu qui vous pousse à vous lever et à suivre les chemins qu’il a préparés pour vous. Comme Marie, et avec elle, soyez tous les jours des porteurs de sa joie et de son amour. Marie se leva sans tarder et avec empressement alla visiter sa cousine. Toujours prêts, toujours avec empressement, mais pas anxieux, non pas anxieux. Je vous demande de prier pour moi et maintenant je vous donne la bénédiction. Tous ensemble, chacun dans sa propre langue, mais tous ensemble, prions le “Je vous salue Marie” : “Je vous salue Marie”…