C’est à partir des années 1840 que la renaissance des Missions Étrangères va trouver son dynamisme dans l’esprit de résistance que les prêtres réfractaires ont entretenu, durant tout le temps de la Révolution, dans la population rurale française dont seront issus la grande majorité des nouveaux missionnaires. Les aspirants qui se présentent au séminaire de la rue du Bac se font de plus en plus nombreux, mais aussi de plus en plus jeunes.
Parallèlement à cela, la tension et l’enthousiasme provoqués par la multiplication des martyrs – dont le plus célèbre d’entre eux reste très certainement Saint Théophane Vénard – vont imprégner le séminaire d’une atmosphère spécifique. Un esprit « Missions Étrangères » se crée : au sens du devoir, à la soif de dépassement, aux rêves de conquête et d’aventure se mêlent une foi ardente, une discipline de fer, un esprit de solidarité fraternelle et d’autonomie, d’exigence et de liberté, le tout agrémenté d’un folklore de potaches. Car les séminaristes de la rue du Bac sont à l’occasion de joyeux drilles, l’humour les aidant à combattre la peur, le doute, l’hésitation et la tristesse d’avoir à quitter leur famille pour un périple qui, pour la majorité d’entre eux, sera sans retour.
Ils font du théâtre, se livrent à diverses facéties sans se prendre au sérieux, organisent des compétitions sportives dans le parc de Meudon et des concours de boule dans le jardin du séminaire, avant d’apprendre à fumer la pipe et de se laisser pousser de longues barbes. Dans le faubourg Saint-Germain, on les appelle « les voyous de la rue du Bac », parce que ces gaillards ne nouent pas leurs ceintures comme le feraient des clercs bien élevés et parce que, par-dessous leur soutane trop courte, on voit dépasser le bas de leur pantalon.
Ces provocations de façade sont surtout des voiles de pudeur qui masquent chez la plupart d’entre eux une intense piété, attisée par la vénération croissante pour les martyrs. Les risques bien réels qu’implique la vocation missionnaire en Asie à cette époque contribuent à développer la dévotion à la Vierge Marie, « Reine des martyrs », figure maternelle et protectrice, souveraine bienveillante et douce, ultime recours pour ces jeunes hommes durs au cœur tendre qui, s’étant arrachés pour toujours à leur famille, se préparent à une existence hasardeuse et parfois dramatique. L’oratoire de la Vierge, dans le jardin des MEP, reste, avec la salle des martyrs, le haut lieu de cette double dévotion.
Sous ce terme quelque peu burlesque de « voyou » se cache ainsi toute l’épaisseur, la profondeur et la saveur évangéliques de ces missionnaires, et de l’être missionnaire façon MEP. Plus qu’un simple folklore ou un style, il reflète l’identité missionnaire du chrétien qui est «dans le monde», mais « pas du monde »: si ce tendre sobriquet de voyou fut jadis attribué aux aspirants-séminaristes des Missions Etrangères du XIXe siècle, il semble donc qu’il puisse tout à fait s’étendre aussi à tout disciple-missionnaire du Christ d’aujourd’hui, homme ou femme, aspirant MEP ou non.
Liberté de l’Esprit et confiance en Dieu, force et faiblesse, peur et courage, humour et joie, zèle et patience, foi, espérance et charité, simplicité évangélique, souplesse et adaptabilité, abandon confiant en la providence de Dieu et la Vierge Marie comme mère… voici quelques-unes des caractéristiques qui font que les Voyous de la rue du Bac sont en fait de la graine de saints, car ne nous y trompons pas : le tempérament et le but du voyou, dont il est question ici, désire la sainteté : « En un mot, écrit François Pallu à un directeur du séminaire des Missions Étrangères, si vous voulez faire des missionnaires, il faut faire des saints : s’ils sont tels, ils trouveront des moyens admirables de se sanctifier davantage, et quoiqu’il parût au-dehors, ils travailleront très utilement […] ; autrement, chose certaine, ils échoueront bientôt, ils feront très peu ou rien du tout, et il est à craindre qu’à la fin, ils ne viennent à se perdre. »
Ce texte s’appuie sur les travaux de Françoise Fauconnet-Buzelin.
de P. Damien Fahrner
Témoignage d’Alexandrine Hassoun, du groupe Sainte-Marthe et Saint-Christophe
« J’ai été très touchée de voir tant de jeunes réunis au nom de Jésus. Aussi, nous avons tous partagé la même paix et la même joie au passage du pape devant nous. C’est un moment que j’ai eu la joie de vivre avec mes amis, dont des non-croyants. Les JMJ étaient pour notre amitié une expérience à la fois très festive et très profonde. Nous avons pu échanger sur des sujets très forts, tels que la vocation, l’amour ou la miséricorde, et partager notre foi et nos doutes. J’ai particulièrement apprécié la richesse du groupe des MEP, qui résidait dans son aspect missionnaire, mais aussi dans la présence de prêtres et séminaristes français ou asiatiques. »
Augustin Rolland, ancien volontaire MEP au Népal
« Parti en tant qu’AluMEP, j’ai eu l’occasion de rencontrer des jeunes issus des quatre coins du monde, tous rassemblés autour du pape. Je retiens l’accueil chaleureux des Portugais, comme celui de ce couple lisboète qui nous a spontanément invités à dîner chez eux après la messe d’ouverture, les nombreux concerts de musique. Je n’oublierai jamais les trois occasions de voir passer le pape à moins de deux mètres. Il avait une énergie débordante, allant jusqu’à haranguer la foule des jeunes pendant son homélie et un sourire rayonnant. Alors, sans aucun doute, rendez-vous dans quatre ans à Séoul ! »